Unbroken

La deuxième réalisation d’Angelina Jolie est une adaptation très médiatisée du livre Unbroken, écrit par Laura Hillenbrand. Unbroken. Ceux qui ne savent pas que le film est basé sur des faits historiques pourraient naturellement penser qu’il s’agit d’une version actualisée du livre de Job de la Bible.

En effet, il est difficile d’imaginer que quelqu’un souffre plus que l’athlète olympique Louis Zamperini (Jack O’Connell), dont les épreuves durant les années 1940 pourraient se résumer à l’extension d’un cliché familier : « De la poêle à frire, dans le feu, de nouveau dans la poêle à frire ».

En l’espace de quelques mois, il est presque abattu lors d’une mission de bombardement, survit à un accident d’avion, passe six semaines avec deux compagnons à la dérive sur un radeau de sauvetage dans le Pacifique (avec peu de nourriture et d’eau et des requins jamais très loin), et endure un séjour dans un camp de prisonniers de guerre japonais où son statut de « célébrité » fait de lui une cible. Comme le titre l’indique, il sort de tout cela courbé mais intact.

Le récit de Jolie est, pour l’essentiel, précis mais froidement clinique. L’histoire est efficace pour transmettre le récit de Zamperini, mais il manque à la fois le punch que les récits de prisonniers de guerre délivrent souvent et la catharsis totale que l’on attend à la fin.

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Il apparaît comme distant sur le plan émotionnel, comme si Jolie était réticente à explorer l’angoisse qu’un lien étroit entre le spectateur et le personnage pourrait provoquer. Il est difficile de déterminer si le principal défaut réside dans ses choix de mise en scène ou dans le scénario, qui a été réécrit par les frères Coen à partir d’un matériau développé par Richard LaGravenese et William Nicholson.

C’est seulement la troisième fois que les Coen écrivent le scénario d’un film qu’ils n’ont pas réalisé, et l’on peut se demander si leur vision du matériau n’aurait pas été différente lorsqu’elle a été portée à l’écran par un autre cinéaste. Quelle que soit la raison, cependant, l’impact de Unbroken est très faible.

Pourtant, il y a beaucoup de choses à apprécier dans ce film. Sa présentation est directe, racontant l’histoire étonnante de Zamperini sans sourciller. Le rythme est soutenu, ce qui permet aux 137 minutes du film de se dérouler sans heurts ; il ne traîne jamais en longueur.

Le jeu des acteurs est solide dans tous les domaines, et aucun visage trop familier ne vient perturber l’expérience globale du spectateur. (Contrairement au petit rôle de Brad Pitt dans le film 12 Years a Slave, récompensé par un Oscar en 2013).

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La performance de Jack O’Connell est solide et l’interprétation de Miyavi de Mutsuhiro « The Bird » Watanabe, le commandant sadique du camp, bouillonne de malice. C’est le genre de méchant que le public peut prendre plaisir à détester et dont l’inhumanité rehausse le combat de Zamperini.

La photographie de Roger Deakins est de premier ordre, et certaines des scènes aériennes rivalisent avec celles des meilleurs films de guerre. Invincible a toutes les chances d’être pris en considération pour les Oscars, et le travail de Deakins devrait être reconnu par une nomination.

Les détails d’époque sont nombreux et, bien que le camp de prisonniers ressemble à tous les autres camps de prisonniers apparus dans les films depuis les années 1940, cela accentue la gravité de la situation pour ceux qui y sont piégés.

Bien que la production ait un ton sérieux (comme il sied à une histoire de cette nature), l’humour noir des Coen transparaît à certains moments. Par exemple, lorsque le sauvetage arrive enfin après des semaines en mer, il est effectué par les Japonais.

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Zamperini annonce la situation à son compagnon de survie (joué par Domhall Gleeson) : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle… ».

Pour Angelina Jolie, la réalisation de Unbroken a été un véritable travail d’amour ; elle s’est battue pour en avoir l’opportunité. C’est une entreprise ambitieuse pour quelqu’un qui n’a qu’un seul film à son actif (In the Land of Blood and Honey, 2011), peut-être trop ambitieuse.

L’approche de Jolie, inspirée du documentaire, a ses avantages et ses inconvénients. Les premiers font d’Unbroken un bon film, tandis que les seconds l’empêchent d’atteindre la grandeur.

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