Dunkerque

Bien que Dunkerque soit techniquement un film de guerre, son ton et son style sont ceux d’un thriller à haute intensité. Dunkerque. Dans son film le plus sérieux à ce jour.

Si l’on prenait la séquence d’Omaha Beach de Saving Private Ryan, que l’on en retirait les images les plus horribles et graphiques et que l’on portait sa durée à une heure et demie, on obtiendrait une approximation raisonnable de ce que propose Dunkerque en termes d’impact et d’intensité, si ce n’est de contenu.

La bataille de Dunkerque occupe une place unique dans la liste des conflits de la Seconde Guerre mondiale. Selon toute norme normale, il s’agit d’une défaite écrasante pour les Alliés, un conflit qui a entraîné des pertes massives en vies humaines et en matériel.

Cependant, les vaincus font souvent référence à cet engagement de manière triomphante, percevant l’évacuation de plus de 300 000 soldats comme un témoignage de la détermination britannique.

Ce qui s’est passé à Dunkerque était si extraordinaire que Winston Churchill a dû s’élever contre les notions de célébration, avertissant : « Nous devons faire très attention à ne pas attribuer à cette libération les attributs d’une victoire. Les guerres ne sont pas gagnées par des évacuations. »

Comme Titanic, mais avec moins de mélodrame et sans histoire d’amour, Dunkerque utilise le cadre d’événements historiques méticuleusement étudiés comme toile de fond pour les personnages de fiction.

Utilisant de larges coupes transversales, Nolan présente les événements de la fin du mois de mai 1940 selon trois perspectives : The Mole (l’infanterie sur les plages de Dunkerque en attente d’évacuation), The Sea (un civil traversant la Manche) et The Air (un pilote de Spitfire chargé d’empêcher les Allemands de mitrailler et de bombarder les navires de secours et les soldats sans défense).

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Les batailles peuvent être difficiles à décrire pour les réalisateurs de films non documentaires. En offrant les perceptions d’un nombre limité de personnages et en variant leurs rôles et leur participation, Nolan permet l’émergence d’une toile plus large. Il fournit suffisamment de vues aériennes et d’aperçus de cartes pour que même ceux qui ne sont pas familiers avec la géographie ne se perdent pas.

Selon Nolan, deux films qu’il a étudiés avant de réaliser Dunkerque sont Le salaire de la peur et Speed. Leur influence est évidente. Tous deux ont été remarqués pour leur lente montée en tension, et Dunkerque est implacable à cet égard.

La façon dont les scènes sont montées y contribue, Nolan passant, par exemple, d’un moment tendu dans un avion à un moment tout aussi tendu sur la plage. Il avance et recule légèrement dans le temps pour lier le tout. La partition de Hans Zimmer, construite autour du tic-tac d’une horloge, ajoute au suspense croissant.

Les membres de la distribution s’acquittent admirablement de leur tâche, bien qu’aucun interprète ne monopolise le temps d’écran. Ce n’est ni un film axé sur les personnages ni un film centré sur les acteurs.

Le plus grand nombre de scènes appartient au relativement inconnu Fionn Whitehead, dont Tommy incarne le soldat ordinaire échoué sur la plage, cherchant désespérément à retrouver son chemin. Mark Rylance, dont le M. Dawson est animé par une ferveur patriotique, dirige son petit yacht Moonstone à travers la Manche.

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Le pilote de Spitfire Tom Hardy (Farrier) engage un combat aérien avec des avions allemands pour éroder la supériorité aérienne nazie au-dessus de l’ouest de la France. Parmi les seconds rôles notables, citons Harry Styles, icône de la pop, dans le rôle d’un des compatriotes de Tommy, Cillian Murphy, dans celui d’un soldat choqué par les obus, et Kenneth Branagh, dans celui du major Bolton, l’officier britannique le plus haut placé sur le terrain à Dunkerque.

Alors qu’est-ce qui ne va pas avec Dunkirk ? Très peu. La structure et la portée du film ne permettent pas de s’identifier à un quelconque personnage. Personne n’est à l’écran assez longtemps pour que cela soit possible.

Au contraire, nous réagissons émotionnellement à des moments d’euphorie et de tragédie à grande échelle. Il y a eu des moments où j’ai eu du mal à comprendre le dialogue ; le bruit ambiant et la musique couvraient les mots.

Depuis Saving Private Ryan, le degré de carnage présenté dans les films de la Seconde Guerre mondiale a évolué. Avant 1997, le film « moyen » était relativement peu sanglant ; Spielberg a changé cela.

L’une des raisons pour lesquelles les 30 premières minutes de Saving Private Ryan ont eu un tel impact est que nous n’étions pas habitués à des images aussi brutales dans une production sur la Seconde Guerre mondiale. La tendance s’est poursuivie ; le film Hacksaw Ridge de 2016 était aussi sanglant et brutal qu’il était inspirant.

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Dunkerque, en revanche, se passe de gros plans sur les cadavres et le gore. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de scènes difficiles à regarder, mais Nolan ne s’y attarde pas.

Son raisonnement est simple : Dunkerque consiste à utiliser la tension pour renforcer la narration ; se concentrer sur les aspects du film d’horreur pourrait être distrayant. Je n’ai pas trouvé le film moins « réel » à cause des limites qu’il s’est imposées en matière de gore.

Dunkirk est moins épique qu’Interstellar L’expérience est primale, mais intellectuellement et émotionnellement satisfaisante. C’est le paquet complet et il est à la hauteur des attentes de ceux qui ont prédit qu’il pourrait être l’une des sorties les plus fortes de 2017.

À chaque nouveau film, Nolan renforce sa réputation de cinéaste prêt à prendre tous les risques. Dunkirk est un autre succès et un ajout bienvenu à ce qui a été une saison étonnamment forte pour les films de puissance et de substance.

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