François Truffaut dit qu’il a voulu réaliser trois « vieux rêves » en faisant Le Dernier Métro. Il voulait emmener la caméra dans les coulisses d’un théâtre, évoquer le climat de l’occupation nazie en France et donner à Catherine Deneuve le rôle d’une femme responsable.
Il a réalisé le premier et le troisième rêve, mais il n’a pas assez bien évoqué l’occupation pour que « Le dernier souterrain » soit autre chose qu’une fantaisie sentimentale.
Le film se déroule dans les coulisses, et sous la scène, d’un théâtre parisien. Le directeur du théâtre est un juif allemand (Heinz Bennent) qui a déjà fui l’Allemagne nazie et qui, avec l’occupation de Paris, se cache en permanence dans le sous-sol de son théâtre.
A l’étage, sa femme (Deneuve) répand la rumeur qu’il s’est enfui en Amérique du Sud. Elle lui transmet ensuite ses instructions alors que le théâtre tente de se sauver de la faillite en montant une nouvelle production.
Il y a beaucoup d’autres personnages dans le film, qui ressemble parfois à la reconstitution d’une production cinématographique par Truffaut dans « Jour pour nuit ». Gérard Depardieu joue le personnage principal de la nouvelle production.
La distribution comprend une jeune femme prête à tout pour un emploi dans le théâtre, une femme plus âgée à la sexualité ambiguë, un metteur en scène avunculaire, un metteur en scène homosexuel et un puissant critique qui est un monstre tellement diabolique qu’il est probablement inspiré par quelqu’un que Truffaut connaît.
La plupart des événements du film se déroulent entre les murs du théâtre ; il s’agit d’un film sur les coulisses, pas d’un film de guerre. Nous voyons des répétitions en cours, avec Bennent en bas qui écoute à travers un conduit d’air. Il y a les intrigues romantiques entre les membres du casting.
Il y a des promenades nazies occasionnelles. Il y a des moments de grand danger, quelque peu gâchés par l’incapacité de Truffaut à les résoudre de manière réaliste. Et il y a une fin sentimentale impardonnable qui boucle tout sans rien résoudre.
Le problème, je pense, est que Truffaut considère la présence des nazis à Paris comme un simple élément de l’intrigue destiné à créer une tension au sein de sa compagnie théâtrale.
C’est beaucoup plus dramatique si le spectacle doit se poursuivre malgré les raids, les directives politiques et une panne de courant qui oblige les machinistes à alimenter un générateur avec l’énergie du vélo. C’est trop joli. Personne ne semble vraiment comprendre qu’il y a une guerre, là dehors.
Et pourtant, dans les limites malheureuses que Truffaut s’est imposées, il livre un film divertissant. Catherine Deneuve est aussi belle que jamais, et aussi énigmatique (il est typique de sa performance qu’à la fin, nous devions attendre que le scénario nous dise qui elle aime vraiment, ou pas).
Depardieu fait preuve d’une présence solide et franche. Bennent, dans le rôle du mari du rez-de-chaussée, est faible et courageux comme Paul Henreid. Enfin, pour mentionner que le personnage le plus captivant de toute la distribution de The Last Underground est, oh surprise, le méchant Daxiat. Au moins, il semble être en contact avec le mal réel que les autres, et Truffaut, voient comme une toile de fond.